Parlez-moi libertin
La vie et les choix que mon ignorance m'a offert m'ont amené à mon état actuel. Plus libertin dans les propos que dans les actes, je suis aujourd'hui tout l'inverse de ce que la nature a pu prévoir. En ménage, avec un enfant, rongeant mon frein, dans mon coin, tiraillé entre la frustration de ne pas avoir fait ce que j'avais à faire, tout en assumant, non sans sentiment, ce que j'ai fait sans qu'on me le demande.
Suis-je à la recherche de quelque chose? De quelqu'un? Oui, un instituteur, un Dolmancé*, ou bien une Madame de Saint-Ange*, pourquoi pas les deux que dis-je! Je souhaite trouver ces bonnes âmes qui m'apprendront avec la droiture et la douceur qu'incombe ce rang de professeur le libertinage des moeurs. Je souhaite être leur Eugénie* si je puis dire, et je m'offrirai à eux comme ils s'offriront à moi. Je me ferais à la fois amant et maîtresse, que je découvre tout ce qui fait l'affaire du libertin, j'accepterais l'enseignement donné comme l'homme de foi accepte les dogmes de sa religion.
Et je souhaite aussi trouver ceux pour qui le libertinage d'esprit est aussi important que la mise à mal de la vertu. Rencontrer des personnes cultivées, que nos discutions s'enflamment de passion et que le plaisir qui en découle soit aussi intense que le feu que l'orgasme allume en notre ventre. Là encore, je souhaite trouver les professeurs, ou les élèves, qui partageront avec moi ces moments dévoués à l'esprit et non pas au corps, que ce soit par correspondances ou par quelque entretien.
Voilà donc le but de toute mes manoeuvres. Dans un sens me direz-vous, il ne s'agit que d'une annonce de plus, alors que j'y vois un
point de rendez-vous où, je l'espère, mes professeurs viendront bientôt.
*Pour les non-lecteurs, il s'agit de trois personnages de La philosophie dans le
boudoir de Sade.